Publié le 23/10/2018 par Josué F. MEHOUENOU dans le quotidien de service publique du Bénin, LA NATION.
Au mois de décembre prochain, à Cotonou dans le cadre de la 5e édition du Festival international du cinéma numérique de Cotonou, le public découvrira « La Traversée… ». Une production de Kiti-Kili Films qui présente une facette quotidienne, mais très peu connue de la ville de Cotonou.
La navette entre la rive-Est de la lagune de Cotonou et le marché Dantokpa est un exercice quotidien passionnant mais parfois risqué qu’ignorent les habitants de la mégalopole. Il en a été ainsi du réalisateur Arcade Assogba. Du moins jusqu’à ce dimanche du mois de juillet dernier où, par la force des choses, il se retrouve sur une embarcation à faire le même exercice. « Je n’eus que mon téléphone portable pour immortaliser ce moment exceptionnel (pour moi) et vivant d’un Cotonou où je suis né et que j’habite sans jamais l’avoir vu sous cet angle, au plus près de quelques-uns de ses habitants », raconte le réalisateur. Dans cette logique, le traverse l’idée d’immortaliser cette traversée par une performance, « un regard documentaire sans une recherche à proprement parler quant au fond ».
Avec l’équipe de production de Kiti-Kili Films, « La traversée… » a été ainsi conçue sur une durée de 11 minutes 28 secondes, format HD, écran 16/ 9. « Voir les Africains dans des embarcations qui tentent une survie vers la forteresse Europe, c’est ce que les télés du monde invitent à faire. Inlassablement. Il est cependant des traversées paisibles comme celle-ci filmée, qui devraient davantage intéresser les Africains et leurs co-habitants de la terre », soupire Arcade Assogba. Avec la musique du mythique groupe béninois, Gangbé Brass Band, qui invite les Africains à retourner sur leur continent afin de le construire par eux-mêmes, le film se laisse suivre au rythme d’une chanson « d’amour et d’hommage à tout ». Cette musique n’a d’ailleurs pas été choisie par hasard.
« J’ai alors poussé ma réflexion en associant une troisième voix artistique béninoise qui porte au-delà de la Méditerranée, le groupe Gangbé Brass Band. Pendant deux années consécutives, j’avais accompagné ce célèbre groupe dans ses tournées en Belgique… Le titre de la chanson, « Gbédji, l’exil » conseille aux Africains en aventure hors du continent de revenir pour construire l’Afrique où il y a de l’or, du diamant et toutes les belles choses », explique-t-il au sujet de ce choix. Pour ce qui est de l’affiche du film, il présente une embarcation qui renvoie à celles des immigrés qui chavirent chaque jour. Mais elle est plutôt une réalisation de Victor Okpati Gugel intitulée « Lac Nokoué, retour de Tokpa ». « Cette photo était pour moi le prolongement du saisissement qui était le mien quand je filmais ma traversée. Il y avait sur cette photo cette barque qui grouille de monde mais aussi cette toiture de couleur orange vive qui renvoie aux gilets de sauvetage en méditerranée », laisse entendre Arcade Assogba.
Le montage du film a été assuré par Kenneth Gbaguidi et la directrice de production a nom
Freedom Koffi. Ce film performance sera diffusé au cours du mois de décembre à Cotonou dans le cadre de la 5e édition du Festival international du cinéma numérique de Cotonou.
Du réalisateur…
Arcade Assogba est réalisateur de cinéma qu’il exerce concomitamment avec une implication active dans le domaine de la recherche en sciences humaines et sociales. Il a assuré pendant dix ans des fonctions de chargé de communication digitale pour différents évènements culturels majeurs du Bénin. Au cinéma, il a été depuis 2008 premier assistant réalisateur sur plusieurs longs métrages fiction tournés au Bénin et ainsi collaboré avec des réalisateurs de renom comme Sylvestre Amoussou, Jean Odoutan, Pablo César (Argentine), Heidi Specogna (Allemagne) et Pascale Obolo (Cameroun) en film documentaire. Il est auteur lui-même de trois courts métrages fiction et documentaire. En 2012, il a créé une boîte de production à Cotonou, Kiti-Kili Films, de même qu’une association dénommée Kiti-Kili avec lesquelles il développe des projets cinématographiques. Il est par ailleurs titulaire d’un Master en Recherche en sciences humaines et sociales obtenu à l’Université Paris 1 Panthéon Sorbonne après une maîtrise en Droit obtenue à l’Université d’Abomey-Calavi, au Bénin. Ce passionné des nouveaux médias et d’écriture est l’actuel directeur exécutif du centre culturel Artisttik Africa.